«Aunque ya tengo una idea general [...] quedan aún
muchos interrogantes a los que he de dar respuesta» 1.
"Même si je vois à peu près de quoi il s’agit [...]
beaucoup de questions demeurent en suspens
que je devrai encore solutionner" 2.
Le modèle de Leuven-Zwart, qui traite de changements dans le continuum de la généralisation versus la spécification, introduit une dichotomie qui est complémentaire – et non pas substitut – à la dichotomie soi-même/l’autre. Alors que la dernière distinction binaire traite d’une relation entre des cultures, qu’elles soient individuelles ou de groupes, la distinction entre lagénéralisation versus la spécification peut avoir un rapport avec les éléments des deux: soi-même (self) et l’autre.
Par exemple, une balalaika dans un texte en Russe peut, dans la traduction, continuer à être une "balalaika" ou peut devenir une "mandoline" (l’autre), mais peut aussi devenir "un instrument de musique (généralisation).
Selon moi, il est par conséquent, nécessaire, pour les changements que l’on peut placer dans un continuum, d’utiliser les deux catégories en les surimposant. Un choix de traduction peut, par conséquent être:
- appropriant et généralisant
- appropriant et spécifiant
- reconnaissant et généralisant
- reconnaissant et spécifiant
Toutefois, dans la dichotomie de la généralisation versus la spécification il existe encore une troisième possibilité: le traitement neutre de l’élément textuel, ce qui signifie qu’il ne serait ni spécifiant ni généralisant. Ceci m’amène à modifier l’opposition binaire, la faisant évoluer en une opposition ternaire.
Même dans l’opposition entre soi-même et l’autre il y a, selon moi, une troisième posssibilité. Ce qui pourrait être appelé d’un mot à la mode, la "globalisation", mais peut être devrions nous l’appeler "standardisation" ou "homologation", et qui consisterait à modifier un élément non pas en direction de la culture cible, non pas en direction de la culture source, mais en direction d’une culture générique impartiale, qui prévaudrait sur les cultures spécifiques considérées et standards aux deux.
Par exemple, une soupe typique Russe comme le bortsch, dans un texte Russe, peut, en traduction, demeurer "bortsch", ou peut devenir une "soupe mulligatawny" (l’autre), mais peut aussi devenir un ragoût (standardisation, homologation).
Alors, si nous revisons la classification en quatre parties obtenue précédemment entre le soi-même/l’autre et la généralisation/spécification en ajoutant une troisième possibilité dans les deux cas (interprétation neutre et standardisation), nous obtenons une division en neuf parties de cet ordre:
- appropriant et généralisant
- appropriant et spécifiant
- appropriant et neutre
- reconnaissant et généralisant
- reconnaissant et spécifiant
- reconnaissant et neutre
- standardisant et généralisant
- standardisant et spécifiant
- standardisant et neutre
CHANGEMENT |
Appropriation |
Standardisation |
Reconnaissance |
Généralisation |
1 |
2 |
3 |
Spécification |
4 |
5 |
6 |
Neutre |
7 |
8 |
9 |
Un modèle qui touche tout doit incorporer plusieurs éléments. Par conséquent:
- cette partition en neuf parties;
- les cinq catégories d’une analyse chronotopique;
- les trois catégories ajoutées non incluses dans une analyse chronotopique mais encore ouverte à l’appropriation/reconnaissance et la généralisation/spécification (i.e. lexique générique, syntaxe, versification);
- la catégorie des éléments qui sont modifiés sans suivre ni la généralisation/spécification ni le continuum soi-même/l’autre, tel que:
- les changements que Leuven-Zwart appelle: "contraste";
- tous les changement non-binaires ou ternaires, par exemple, les changements grammaticaux.
De cette façon nous obtenons le modèle suivant:
Analyse chronotopique |
Paramètres génériques |
Dèictiques |
realia, intertextualité |
Mots conceptuels |
Domaines expressifs |
Mots fonctionnels |
Lexique générique |
Syntaxe |
Versification |
lexique generique (oppisitions non-tertiaires): omission, additions, changements de sens radicaux,
changement de catégorie grammaticale |
Spécification/généralisation/neutre |
appropriation/reconnaissance/standardisation |
Dominant:
identité de l’individu |
Dominant:
Identité
de groupe
|
dominant:
poétiques du
microtexte |
Dominant: macrotexte/poétiques de l’auteur |
dominant: poétiques du texte |
axe générique lexique paradigmatique |
axe syntagmatique |
mètre, rime, rythme |
Psychologie de caractére chronotope |
Psychologie de groupe chronotope |
Contenusmicrotextuels chronotope |
Poetiques de l’auteur chronotope |
Poétique
De structure chronotope |
Paradigme
culture |
Syntagmatique poetique culture |
mètre, rime, rhythme poetiques culture |
1 |
2 |
3 |
4 |
5 |
6 |
7 |
8 |
9 |
Dans les prochaines sections, nous examinerons si et comment un tel modèle peut être appliqué s’il est productif ou non et comment ses parties simples sont structurées.
Bibliographie
APRESJAN JU. D. Dejksis v leksike i grammatike i naivnaja model´ mira, in Integral´noe opisanie jazyka i sistemnaja leksikografija, Moskvà, JAzyki russkoj kul´tury, 1995, ISBN 5-88766-045-7.
LEFEVERE A. Translating Poetry. Seven Strategies and a Blueprint. Amsterdam, Van Gorcum, 1975, ISBN 90-232-1263-0.
LEUVEN ZWART K. van Translation and original. Similarities and dissimilarities. In Target, n. 1:2 (1989) and n. 2:1 (1990).
MARÍAS J. Negra espalda del tiempo, Punto de lectura, 2000 (original edition 1998), ISBN 84-663-0007-7.
MARÍAS J. Dark Back of Time, New York, New Directions, 2001 (translated by Esther Allen), ISBN 0-8112-1466-4.
TOROP P. La traduzione totale, edited by Bruno Osimo, Modena, Logos, 2000, ISBN 88-8049-195-4.
1 Marías 2000, p. 182.
2 Marías 2001, p. 147-148.
|
|